(Skupljači perja)
“Oh mon Dieu, si tu m’incarnes encore une fois après ma mort, laisse-moi être Tzigane.
Laisse-moi choisir moi-même l’un des chemins.
Celui de la joie qui fera de moi un homme heureux
ou celui de la mort et une nouvelle rencontre avec toi.”
Aleksandar Petrovic
Production: | Avala film, Beograd, 1967 |
Scénario: | Aleksandar Petrović |
Réalisation: | Aleksandar Petrović |
Décors: | Veljko Despotović |
Directeur de la photographie: | Tomislav Pinter |
Directeur artistique: | Nikola Rajić |
Producteur: | Vladislav Lašić |
Montage: | Mirjana Mitić |
Choix de la musique: | “Rino” (Olivera Vučo)(mp3)
“Niška Banja” (Olivera Vučo)(mp3)
“Nu, Nu” (Olivera Vučo)(mp3)
“Đelem, Đelem” (Olivera Vučo)(mp3) |
Distribution: | Bekim Fehmiu, Olivera Vučo, Velimir Bata Živojinović, Gordana Jovanović, Mija Aleksić, Rahela Ferari, Severin Bijelić, Etelka Filipovski, Milorad Jovanović, Milivoje Đorđević |
skupljaci perja spica fr from Aleksandar Petrovic website on Vimeo.
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Press Book Avala Film 1967.
Le film J’ai même rencontré des Tziganes heureux vous présentera la vie des tziganes telle qu’elle est.
Ce film n’est pas romantique – il est rude et beau, tel que la vie des tziganes.
Les chansons que vous entendrez dans ce film, vous les entendrez pour la première fois, car ce sont des chansons des tziganes de Vojvodina, peu connues.
Dans leur vie le réalité est liée à la fantaisie – ce sont des hommes libres…
J’ai même rencontré des Tziganes heureux est le premier film dans lequel les tziganes parlent leur langue.
La plus grande partie des rôles est interprétée par de vrais tziganes – ils ne jouent pas dans ce film c’est leur film. Ils jouent, pour ainsi dire leur propre destinée.» Aleksandar Petrović
Résumé du scénario:
Ce film, superbement lyrique, raconte l’histoire de Bora le plumassier, un Tzigane. Marié à une femme beaucoup plus âgée que lui, ce qui est fréquent chez les Tziganes, il est souvent absent de leur maison, une masure pleine d’enfants, de vacarme perpétuel et de disputes. Sur la route de son travail, il rencontre une jolie jeune fille, Tissa. Sauvage et vagabonde, elle aussi évite sa maison, son beau-père Mirta, qui est brutal et agressif. Bora et Mirta sont des rivaux tout autant au travail qu’auprès de Tissa. Pour ramasser les plumes, ils se sont partagés les villages et chacun d’eux fait très attention de ne pas entrer dans le territoire de l’autre. Tous deux ne peuvent se passer de Tissa. Mais Mirta marie Tissa à un jeune garçon de douze ans, espérant ainsi la garder pour lui. Tissa chasse le jeune garçon. Bora finit, après maintes difficultés, à arracher Tissa à l’emprise de son beau-père. Dans un monastère, le moine Paya marie Bora et Tissa. Elle vit quelques temps avec la famille de Bora qui continue ses voyages. N’ayant pas trouvé ce qu’elle espérait, Tissa, s’enfuit à Belgrade. Elle espère devenir chanteuse de café, mais elle a le choix entre chanter dans les rues et faire le trottoir. Lassée de tout, elle rentre chez Mirta. En l’apprenant Bora va chez Mirta et le tue. Il jette le corps dans l’eau. La mort d’un Tzigane ne signifie pas grand chose. Les mois passent, le printemps est arrivé. Bora a tranquillement passé l’hiver chez lui. Mais les glaces ont fondu et le cadavre de Mirta est retrouvé. Une enquête est ouverte. Bora sort un jour de chez lui et disparaît dans les grands espaces de cette plaine cruelle et belle dans sa dureté.
«Comme enfant, je les ai observés et j’ai trouvé dans ces gens la foi et l’irrationnel… Sans ce moment irrationnel, il n’y a pas d’œuvre, il n’y a pas d’art». Alexandre Petrovic.
A propos de la chanson Djelem Djelem:
Déjà en 1964, pendant le tournage de son court-métrage Procès verbal, Aleksandar Petrović a entendu la chanson tzigane Djelem Djelem jouée par une famille de musiciens d’origine hongroise, Lakatoch et s’en est servi d’accompagnement musical de son film. Dans “Tri”, la scène au début du film montre l’exode et une famille tzigane qui joue Djelem Djelem alors que le train qui amène les soldats au front part (« je m’en vais le long des longs chemins etc…,
j’ai même rencontré des Tziganes heureux »…)
La chanson Djelem Djelem a eu un énorme succès avec J’ai même rencontré des Tziganes heureux et peu après la sortie du film les Roms l’ont proclamée leur hymne. Jusqu’a la fin de sa vie, lorsque Petrović entrait dans un des nombreux cafés ou restaurants de Yougoslavie où il y avait un orchestre tzigane, on le reconnaissait et immédiatement l’orchestre jouait Djelem Djelem.
Olivera Vučo, qui tenait le rôle de la chanteuse du café, est une actrice et chanteuse professionnelle qui avait impressionné Bruno Cocatrix qui l’avait invitée à chanter à l’Olympia. Elle a tenu l’affiche 72 jours et fait la une des journaux.
L’improvisation du célèbre tzigane Chandor Lakatoch «Djelem, Djelem»:
J’ai erré le long des chemins
Des chemins, de longs chemins.
Ils ont battu mon père, oh ma mère,
Ils m’ont jeté dans l’eau froide.
Oh ma mère qu’as tu fait de moi?
Tu as laissé tes enfants orphelins,
Deux sont morts un erre sans fin.
Oh mère, qu’as tu donc fait?
Tu m’as laissé seul sur les routes,
Pauvre de moi ma mère.
J’ai erré le long des chemins.
J’ai même rencontré des Tziganes heureux.
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En 1979, suite à l’enquête menée par l’Institut du Film par les critiques et les artistes yougoslaves, le film J’ai même rencontré les Tziganes heureux de Aleksandar Petrovic qui a été désigné LE MEILLEUR FILM DE L’HISTOIRE DU CINÉMA YOUGOSLAVE (son film TRI a été classé à la deuxième place).
Extraits de presse:
“Le chef-d’oeuvre d’Aleksandar Petrovic est le plus bel hommage à la liberté de la personnalité.”LE COMBAT – Henri Chapier
« J’ai même rencontré des Tziganes heureux d’Aleksandar Petrovic – une beauté à la Rimbaud, convulsive et inimaginable; une beauté d’éclair, de tonnerre, de soleil brûlant, de vie frénétique, de vérité, de chansons, de danses, de personnages passionnants, de rires qui éclatent voix, une folie douce et une folie furieuse, beauté fabuleuse de ce film, beauté du film de notre art, de notre passion.” LES NOUVELLES LITTERAIRES – Pierre Ajame
“… un grand et beau film, poétique, mélancolique, chaleureux, tendre, fort. Je m’excuse pour cette série d’épithètes, mais je pourrais en ajouter encore une vingtaine d’autres. Exact par le ton et les détails, et aussi magnifiquement vrai. Petrovic a compris l’âme des Tziganes.” LE NOUVEAU CANDIDE – Michel Aubriant
“C’est une riche histoire tissée sur la vie, qui laisse au public la liberté de tirer des conclusions. Il n’y a ni “messages”, ni exagération de folklore et de problèmes éthiques. La lutte dans le tas de plumes, les chansons tziganes, un amour brutal, le mariage célébré par un prêtre orthodoxe, la vie quotidienne, le travail et les distractions, les soucis et la liberté où on oublie tout sont combinés dans ce film naturel qui ne falsifie pas les coutumes, ne place pas la réforme et ne juge pas la société. Son nouveau film renforce sa réputation d’excellent metteur en scène régnant complètement sur ses thèmes.” VARIETY – Gene Moskowitz.
“Le film yougoslave d’Aleksandar Petrovic, J’AI MEME RENCONTRE DES TZIGANES HEUREUX, est un film incroyable aux personnages possédant une force originale et un pouvoir d’expression, qu’on rencontre rarement dans un film.” LIBERCKER NACHRICHTEN – Günther Menten
“C’est un spectacle somptueux, baroque, imprévisible, déchirant, ironique. Mais ce n’est pas qu’un spectacle, parce que Petrovic est un moraliste qui sait non seulement faire taire son inquiétude mais il s’en nourri pour essayer de comprendre, de nous faire comprendre, d’aimer, de nous faire aimer. Si postulat il y a, il s’agit de celui de la liberté physique et spirituelle.” CINÉMA – Gilbert Guez
“… L’éclatement violent des couleurs, la photographie des vieilles femmes ridées, fumeuses de pipes, l’explosion de la danse et du chant quand le soir tombe sur le paysage noyé et que les estaminets se remplissent, les piaillantes querelles de ménages privés ou publics, la truculence d’un vieux moine qui vend le duvet de ses matelas, la ronde folle et obstinée des troupeaux d’oies parmi la symphonie multicolore des masures, voilà bien la poésie des apparences. Le parti-pris de Petrovic, s’il y a vraiment parti-pris, c’est dans sa manière de saisir “au vol” certains visages, certaines attitudes, qu’on le trouve. Tenter de surprendre un homme au plus fort de son exaltation, de sa cruauté, une femme au plus fort de son effroi, de sa détresse, tenter d’épouser le rythme d’une dispute, le crescendo d’une rixe, voilà le but recherché. Petrovic n’a pas triché: le public, à aucun moment ne se sent voyeur. La réussite plastique n’a pas tué la vie: c’est donc gagné.”JEUNE CINEMA – Jean-Loup Passek.
A propos des Tziganes
La plaine la plus étendue de l’Europe, la vaste plaine de Pannonie, présente dans sa partie yougoslave un bizarre conglomérat de nationalités et de religions. Parmi les Serbes, les Roumains, les Hongrois et les Slovaques, vivent de nombreux Tziganes. On ne connaît pas au juste leur nombre car ils vivent, pour ainsi dire, hors des frontières des lois sociales et éthiques du milieu qui les entoure. Leur intégration dans la société est aussi bien leur problème personnel que celui de la société elle-même. On peut dire qu’ils sont de jour en jour plus conscients de leur situation, ce qui rend leur problème encore plus actuel.
Alexandre Petrovic a choisi de “peindre”, avec une palette riche en couleurs (c’est son premier film en Technicolor), la vie des Tziganes de la Vojvodine. C’est le premier film qui pose le problème de l’existence des Tziganes dans la société et dans la vie. C’est le premier film dans lequel les Tziganes parlent leur langue. La majorités des rôles est interprétée par de vrais Tziganes. C’est leur film.
“Moins attachés à leur intérêt personnel que d’autres, ou, si l’on préfère, moins “rationnels”, car ils dédaignent de considérer les conséquences à long terme de leurs actes, les Tziganes me paraissent plus que d’autres sensibles à la beauté du monde et à ses souffrances, et plus que d’autres voués au malheur car plus vulnérables à l’appel du mal – s’il faut l’appeler ainsi – que chacun porte en soi.” Alexandre Petrovic Le Courrier de l’Unesco, entretien 1994.
“La vie de ces hommes est exceptionnellement intéressante et bizarre; elle incarne beaucoup d’inquiétudes que nous combattons tous; mais que nous dans la plupart des cas, nous vivons, d’une façon, je dirais, plus méditative, en les emprisonnant et en les étouffant par toutes sortes de censures possibles, psychologiques et sociales, – eux, ils les placent au niveau de la vie – ce que nous pensons et rêvons, ils le vivent et le réalisent.” A.P.
«Le goût des Tziganes pour les couleurs est étroitement lié à leur amour du fantastique et de l’irréel, qui est chez eux très développé. C’est pourquoi, si vous sentez le fantastique dans ce film, ne pensez pas qu’il est inventé, irréel – non, il est question ici d’un film réaliste, dont les limites du réalisme ont bougé avec la vie, ce dont traite ce film.»A.P.
«Encore enfant, j’étais conscient de l’impossibilité d’expliquer l’infini aussi bien que l’éternité. Malgré cela, personne n’a pu m’interdir de sentir cet infini et cette éternité, et je ne permettrai pas qu’on m’enlève le droit de ressentir l’irrationnel. Depuis, j’ai développé en moi un besoin de l’irrationnel et ce sentiment a culminé dans J’ai même rencontré des Tziganes heureux; si ce film est tel qu’il est, c’est parce que ces gens touchent l’irrationnel de leur tête.» (Sacha Petrovic «Indomptable Maître» biographie de Alexandre Petrovic par Boro Draskovic).
Aleksandar Petrović à propos de
J’ai même rencontré des Tziganes heureux
« L’expérience m’a appris à ne pas croire aux films « à message »: c’est vraisemblablement la raison pour laquelle mon dernier film J’ai même rencontré des Tziganes heureux, à présent qu’il est terminé, personnellement, ne me dit rien de tout à fait précis. Pour moi c’est seulement un peu de la vie, ensuite, comme dans la vie même, nous serons pris par tout un arpège d’associations à travers cette bande filmée, un accord particulier, imaginé sur la vie des Tziganes de la Vojvodine – les plumassiers. Qu’y a-t-il à la base de tout cela ?
Il est préférable que chacun de vous en décide en regardant le film. En ce qui me concerne, moi qui suis aujourd’hui son premier spectateur, ce serait le cauchemar du rêve et la réalité dans lequel vivent sans cesse, depuis les siècles, mes héros – les Tziganes; et c’est certainement la raison pour laquelle j’ai choisi ce thème. Ces hommes vivent en réalité une vie d’art, leur comportement tragique et inachevé envers la vie, est semblable au comportement – des arts et de la vie ! Car, en marge de la société, inachevés, toujours à la recherche de quelque chose, ils touchent à l’absolu! Et tout de suite à côté d’eux apparaît le mystère de la mort qui pour les plumassiers est à l’origine de leur comportement spécial envers la religion; ils ne sont ni pour ni contre la religion. Pour les Tziganes la religion est comme le reste – une partie de la vie: majestueuse et terrifiante, douce et amère, séduisante et vindicative, libre et enivrante, telle que ce film veut la montrer. »
Aleksandar Petrovic devant la presse à la sortie du film. Savez-vous ce que pensent les Tziganes de ce film?
Vjesnik u srijedu (journal croate)
«Je voulais vous en parler! Le deuxième ou le troisième jour de la projection, aux cinémas «Slavija» à Belgrade, après la séance, j’ai remarqué un groupe de jeunes tziganes qui quittaient la salle. Etant donné qu’ils étaient des Tziganes et jeunes de surcroît, je tenais absolument à leur opinion. J’ai posé la question: Les gars, ça vaut la peine de voir ce film ? Ils ont répondu: il est bon, vraiment bon. Il mérite d’être primé.» A.P.
A propos de J’ai même rencontré des Tziganes heureux
le blog d’alexandre clement
J’ai même rencontré des tziganes heureux, Skupljaci Perja, Aleksandar Petrovic, 1967
Par alexandre clement dans Accueil le 9 Septembre 2016
http://alexandreclement.
Anecdote:
Aleksandar Petrovic aimait répéter qu’il était malchanceux. Lors de la distribution des Oscars, Aleksandar Petrovic était à table, entre autres personnalités du spectacle, avec Gregory Peck, Président des Academy Awards et sa femme. Au moment de la distribution de l’Oscar du meilleur film étranger pour l’année 1967 (en 1968) il entend: « et l’Oscar est remis à Aleksandar Petrovic pour Trains étroitement surveillés (Tchécoslovaquie) ». Il se lève en même temps que Jiri Menzel, le metteur en scène de ce film pour se rendre sur la scène. Il y a eu une confusion car ce n’était pas J’ai même rencontré des Tziganes heureux qui était annoncé et un grand embarras et des excuses du présentateur pour l’erreur. C’est bien Jiri Menzel qui a eu l’Oscar. La Tchécoslovaquie venait d’être envahie par les Russes. Gregory Peck a expliqué à Petrovic que la liste des gagnants avait été arrêtée depuis un bon moment, et que c’était lui qui aurait dû avoir l’Oscar mais que la politique étrangère était plus importante que le film. P. Volk: «Let nad mocvarom» p. 194
Cannes 2016, Lelouch : « Le jour où j’ai démissionné du jury »
Propos recueillis par Alain Grasset, l’un de nos envoyés spéciaux à Cannes (Alpes-Maritimes) le 15 mai 2016 Le Parisien
Son plus mauvais souvenir. « En 1967, j’étais l’un des membres du jury, présidé par le réalisateur italien Alessandro Blasetti. Je voulais voter pour J’ai même rencontré des Tziganes heureux du Yougoslave Aleksandar Petrovic. Le président du Festival, Robert Favre-Lebret, m’a invité à déjeuner et m’a dit qu’il avait promis la Palme à Michelangelo Antonioni pour Blow-up. Tout était donc arrangé à l’avance. Du coup, j’ai démissionné du jury avant les délibérations. »http://www.leparisien.fr/festival-de-cannes/videos-cannes-2016-lelouch-le-jour-ou-j-ai-demissionne-du-jury-15-05-2016-5797473.php
Il n’y pas de mensonge dans l’art. L’art ne connait que la vérité. Nous ne sommes pas des juges, ni les prophètes ni des propagandistes. Aleksandar Petrovic
Si l’on n’aime pas les hommes, on ne peut pas réaliser de films. Aleksandar Petrovic
A la question d’un journaliste:
“Quelle est la clé d’une bonne cinématographie?”
Petrovic a répondu:
“Des talents… et les bonnes conditions pour leur développement.”
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