(Majstor i Margarita)
“Tout pouvoir sera toujours une violence exercée contre les hommes…”
Mikhail Boulgakov
Production: | Dunav film, Beograd,1972. Euro International Film S.p.A.Rome |
Scénario: | d’après le roman de Mikhaïl Boulgakov. Aleksandar Petrović en colaboration Barbara Alberti, Amedeo Pagani |
Réalisation: | Aleksandar Petrović |
Assistants-réalisation: | Vladimir Basara, Nikola Lorencin |
Décors: | Vlastimir Gavrik |
Cameraman: | Nikola Majdak |
Directeur de la photographie: | Roberto Gerardi |
Costumes: | Divna Jovanović |
Effets spéciaux: | Dušan Vukotić |
Directeur artistique: | Nikola Rajić |
Producteur: | Arigo Colombo |
Montage: | Mihailo Ilić |
Theme musical: | Ennio Morricone |
Choix de la musique: | Aleksandar Petrović |
Musique: | Blagoslavi Vladiko (Évêque bénit nous) Muško stradanje (ruska narodna pesma)-Souffrance masculine (chant populaire russe) Ruski tango (P. Leščenko)- Tango russe |
Distribution: | Ugo Tognazzi,Mimsy Farmer, Alain Cuny, Velimir Bata Živojinović, Pavle Vujisić, Fabijan Šovagović, Ljuba Tadić, Taško Načić, Danilo Bata Stojković, Fahro Konjhodzić, Zlatko Madunić, Radomir Reljić, Janez Vrhovec, Branka Veselinović, Eugen Verber, Šandor Medve, Vasa Pantelić, Aleksandar Đurić, Anela Gojkov, Eva Ras, Branislav Jerenić Branko Pleša |
Galerie:
Extrait du press book:
Le diable à Moscou…
“Certains peuvent croire à l’existence du Diable, d’autres, s’ils le veulent, peuvent proclamer que le Maître, Boulgakov et moi-même nous l’avons seulement rêvé. Je ne sais pas ce que le Maître et Boulgakov auraient pu dire à ce propos, car ils sont morts tous deux, mais je suis plus enclin à croire en l’existence du Diable qu’à ne pas y croire». A.P.
Résumé du scénario:
Un “Méphisto bienfaisant”
Le récit commence de la manière la plus réaliste qui soit, par le tableau de Moscou enneigé, vers 1920. Un écrivain de haut renom (si haut même qu’on là surnommé “le maître”), Nikolaï Maksoudov, tente de faire jouer une pièce ayant pour titre Ponce Pilate. Les répétitions se poursuivent, mais la toute puissante “Union des écrivains athées”, aux ordres d’un certain Berlioz, retarde la première dans l’espoir que Maksoudov retirera son oeuvre de lui-même. Car, s’il est déjà inconcevable, aux yeux des matérialistes, d’avoir élu pour héros un personnage qui – de leur point de vue – n’a pas existé, le Christ, il est encore plus insolent de lui faire dire des répliques comme celle-ci: “Tout pouvoir sera toujours une violence exercée contre les hommes. Le temps viendra où il n’y aura plus de pouvoir, ni de César, ni d’aucun autre .” En plein stalinisme il fallait de l’audace pour risquer de telles affirmations.
Peu à peu, Maksoudov est abandonné de tous, publiquement bafoué par des écrivaillons, chassé de son modeste domicile et finalement interné comme dément. Mais parallèlement, lui viennent deux secours: l’un, tout humain, sous les traits d’une jeune femme, Marguerite, épouse d’un fonctionnaire de la police, qui compatit, comprend et accepte de se compromettre avec le proscrit, au grand dam de sa propre réputation; l’autre, beaucoup plus mystérieux, sous l’aspect d’un énigmatique professeur de magie noire, Woland, sans cesse flanqué d’un gros chat noir et de deux acolytes mi-clochards, mi-truands, d’une redoutable efficacité et d’une totale absence de scrupules. Ce professeur Woland, dans l’esprit de Boulgakov, de Petrovic aussi, n’est autre que le diable. Pour ennemi de Jésus qu’il soit – et depuis bien plus longtemps que les marxistes léninistes, – Belzébuth ne saurait admettre que l’on mette en doute l’existence historique du Christ. Car ce serait, du même coup, nier l’existence du démon. Woland-Satan a donc décidé – et l’invention, conduite de main de maître dans le livre, l’est aussi à l’écran – de “christianiser” Moscou, non par prosélytisme religieux, on s’en doute, mais parce que le matérialisme lui fait horreur. Il s’installe aux répétitions de Ponce Pilate, émet des réflexions de genre: “Le décor est exact mais Pilate n’avait pas cette voix-là.” Puis, quand les choses vont plus mal pour Maksoudov, il se met à jouer les pires tours aux staliniens, allant même jusqu’à précipiter Berlioz sous les roues d’un tramway, après s’être payé le luxe de lui avoir prédit sa mort.
Enfin, au jour où devait avoir lieu la première de Ponce Pilate, il transporte (réellement ou en imagination?) le malheureux Maksoudov jusqu’au théâtre, après avoir ridiculisé (physiquement et moralement dénudé) les suppôts du matérialisme qui emplissent la salle. Quelques heures après, Maksoudov meurt, emprisonné dans la camisole de force. En lui fermant les yeux, Woland déclare: Jésus a dit: “Dommage que ta pièce soit inachevée. Tu ne connaîtras pas la lumière, mais la paix.”
Prix, distinctions, festivals:
|
Extraits de presse:
LE MAITRE ET MARGUERITE, épais roman de l’écrivain russe Mikhaïl Boulgakov est une oeuvre tellement considérable et touffue qu’elle défie, par avance toute adaptation cinématographique, Fellini lui-même y renonça… . A voir absolument. Hallucinant et sublime.» LA CROIX
“…Quand la tyrannie étrangle le Bon Dieu, Satan assure l’intérim…”
“Icônes et cathédrales, l’or des bulbes et les planches des isbas, la neige: on est à Moscou. Pas n’importe quel Moscou. Dès le générique, Alexandre Petrovic montre le bout de l’oreille. C’est le Moscou religieux, le Moscou spirituel.
…C’est croire au diable. Que dis-je? c’est cette croyance même qui est le diable. Petrovic, sur les talons de Boulgakov, le glisse dans le bénitier du paradis soviétique. Ou ce beau diable, sinon tout à fait réactionnaire, du moins très contestataire, s’ingénie à se conduire, aux yeux des autorités, en mauvais diable. Petrovic qui naguère avait rencontré des Tziganes heureux, vient nous affirmer aujourd’hui, qu’il a même rencontré un diable fort actif.
Actif comme le sont tous les diables: à coup de manières insolites et de tours de main suspects que, poussés par le rassurant souci de cataloguer selon raison, nous appelons “magie noire”. Disparitions, apparitions, ubiquité proprement diabolique, divination, pouvoir sur les objets. Le tout nappé de cette malice ricanante que qualifie avec exactitude l’adjectif sardonique. Petrovic s’applique à rendre compte de cette magie et cette malice par une réalisation malicieusement magique.
…C’est très gai. Les séquences relatant la soirée de magie noire donnée par Satan sur la scène du théâtre officiel nous entraînent dans une bouffonnerie débordante de la plus salutaire jubilation. Mais cette humour tourné vers le grotesque, ce fantastique faussement naïf ne doivent pas faire illusion. Ils habillent, sans le déguiser, un pamphlet politique d’une véhémence amère. Qui désigne avec précision ses “têtes de Turc”: les outils aveugles et imbéciles de toute tyrannie intellectuelle; les bureaucrates fonctionnaires de la pensée officielle – de l’idéologie dominante, comme il faut dire aujourd’hui – lorsque cette pensée et cette idéologie se sentent trop peu sûres d’elles mêmes pour autoriser la dispute des idées et permettre la liberté d’expression. Ecrivains ratés, critiques “à la botte”, valets de plume de tout poil dont Petrovic fignole la caricature en marionnettes de guignol. Nous applaudissons le diable quand il se fait gendarme pour les rosser.
…On voit à quel niveau, sous la guignolade tragi-comique, se situe le débat: très haut, puisqu’il traite la relation entre la liberté, de création et la puissance de l’Etat, c’est-à-dire des rapports entre le pouvoir et l’esprit.
…Boulgakov, Petrovic, le Maître et sa Marguerite sont tous assez diables pour faire les cornes à tout dogmatisme, jamais plus mortel que lorsqu’il est au pouvoir.” Jean-Louis BORY, LE NOUVEL OBSERVATEUR
“…L’admirable livre de Boulgakov avait, par sa complexité, de quoi décourager tout adaptateur. Petrovitch a su maintenir le juste dosage de satire politique, d’humour farfelu et de magie qui font l’originalité du LE MAITRE ET MARGUERITE…
… LE MAITRE ET MARGUERITE c’est le roman de l’écrivain russe Boulgakov, l’un des livres-clés de la littérature du XX siècle. Mais ce livre n’a été édité qu’en 1966: il y avait 26 ans que Boulgakov était mort!
…C’est une oeuvre puisée au plus profond du désespoir. Elle tire de là sa gravité frémissante, sa sensibilité bouleversante.
Et voici qu’un cinéaste s’intéresse à ce livre. Il s’appelle Alexandre Petrovic. Il a derrière lui plusieurs grandes réussites dont le fameux J’AI MEME RENCONTRE DES TZIGANES HEUREUX. C’est le chef de file incontesté du cinéma yougoslave. Il adapte LE MAITRE ET MARGUERITE avec le succès que j’ai dit. Présente son film au Festival de Pula, compétition annuelle de la production yougoslave, et rafle tous les prix. Le film sort avec une critique enthousiaste. Et puis, du jour au lendemain, il est retiré de l’affiche. Interdit? Mais non, par qui? Tombé seulement dans ces oubliettes de liberté qu’aucun pays ne peut se venter d’avoir à jamais comblées.
Est-ce la prémonition de cette épreuve qui a donné à Petrovic la force de faire ce film infaisable? Il y a dans sa réussite plus du talent: cette passion indispensable pour que les bons films devient de grands films.” Pierre Billard, LE JOURNAL DU DIMANCHE
Tous les diables de l’enfer……L’oeuvre est baroque, inspirée, exemplaire, il y passe les souffle de l’imagination, elle hurle de sa persistante actualité…- R. Benayoun, LE POINT
“Un film à couvrir de fleurs…”
“…S’attaquer à une oeuvre aussi dense et l’adapter pour l’écran était une entreprise difficile. Alexandre Petrovic l’a réussi magistralement. Mélanger le quotidien et le fantastique n’est pas chose facile, mais avec lui nous y sommes comme poisson dans l’eau.
…le film de Petrovic existe. Il est bien là, et un peu là. Costaud, fort, éblouissant de maîtrise, de clarté, d’ironie et de tendresse. Il est d’une beauté rare et d’une force de témoignage qui sont aussi une accusation.
…Un film de très grande classe digne du roman qui l’inspira. “ – Michel Duran CANARD ENCHAINE
“Le Diable et le Pouvoir. Boulgakov mis en scène par Petrovic: un chef-d’oeuvre. Que les Yougoslaves ne verront pas.”
“La rencontre, même à travers le temps, de deux fortes personnalités créatrices a toujours quelque chose de fascinant.
… Massif et débonnaire, émouvant par la profonde bonté du regard, ce Parisien de naissance (1929) séduit par sa modestie, son humour mélancolique et sa hauteur de vues.
…il est aujourd’hui, dans son pays, un réalisateur célèbre et reconnu, envoyé dans les festivals, où il collectionne les prix… mais ses films n’ont pas toujours droit à la “sortie publique”. LE MAITRE ET MARGUERITE n’est pas précisément interdit, mais il n’est pas projeté.
Lyrisme et magie. Le film a la pesanteur tranquille des chef-d’œuvres. Il “existe” avec une force qui rend presque dérisoire une analyse logique. Il est à la fois une évocation historique du Moscou des années 20 d’un réalisme minutieux, et en même temps un conte fantastique hanté par le Diable, son chat noir et ses deux sbires. La façon dont s’interpénètrent le réel et l’irréel, la satire et la tragédie, l’humour et l’horreur, tient du prodige. Tous ces éléments se succèdent d’une séquence à l’autre sans solution de continuité et finissent par exister en même temps, confondus dans un même lyrisme poignant. Une même magie anime ces métamorphoses et transcende le jeu des trois interprètes principaux, Ugo Tognazzi (le Maître), Mimsy Farmer (Marguerite) et Alain Cuny (le Diable).
LE MAITRE ET MARGUERITE est un film qu’il faut voir et revoir. Il dit que “tout pouvoir sera une violence exercée contre les hommes”. Sur ce constat désespèrent, finirons-nous jamais de nous interroger?” Jacques Doniol-Valcroze, L’EXPRESS
«… Ce Moscou des années 1920 où Boulgakov vivait alors la même sinistre expérience que son héros Maksoudov, car n’oublions pas que le génial écrivain fut condamné par le pouvoir stalinien à n’être ni lu, ni joué de son vivant. La mort de Maksoudov dans un asile psychiatrique, préfigure par ailleurs d’autres morts d’intellectuels rebelles dans d’autres asiles où on les enfermera, cette fois (thérapeutique paradoxale) pour que la folie assagisse leur esprit. L’AURORE
«Un des plus beaux films que l’on ait vu à Cannes…» L’EXPRESS
«…et il est très difficile de jouer ainsi sur deux niveaux: à la fois film fantastique et film de dénonciation c’est très difficile mais il a réussi.»
C’est à voir à tout prix. “Le magazine de Pierre Bouteiller RADIO FRANCE CULTURE
«…Un délicieux régal de la comédie ironique.» HERALD TRIBUNE INTERNATIONAL
«LE MAITRE ET MARGUERITE est un film d’une exceptionnelle beauté…» DIE PRESS
«…Un grand film.» DIE WELT.
«…Le film le plus curieux de l’année.» TIMES.
«Un chef-d’oeuvre» DIE TAT (ZURICH).
«Un chef-d’oeuve» TV-RADIO ZEITUNG.
«Un chef-d’œuvre» LUZERNER NACHRICHTEN.
Aleksandar Petrović à propos de
Le Maître et Marguerite
Même les choses les plus compliquées peuvent être dites de façon simple et compréhensible.
Ce n’était pas facile de toute manière avec le film “LE MAITRE ET MARGUERITE”. Il était tout particulièrement difficile de traduire à l’écran le personnage du Diable et de ses assistants; non moins complexe était le problème posé par les scènes dont l’action appartenait au domaine du fantastique alors que l’attitude, les costumes, les décors relevaient du monde réel.
On doit se rappeler que par endroits, j’ai transposé littéralement des passages entiers de dialogues exactement comme ils se trouvent dans le roman original de Boulgakov.
“Il ne m’était, bien entendu, pas possible de relater tous les épisodes, de reconstituer toutes les sorcelleries accumulées dans le livre. J’ai même totalement renoncé à glisser ces visions de la Passion du Christ qui apparaissent en contrepoint dans le récit de Boulgakov. Il y a, en réalité, dans LE MAITRE ET MARGUERITE, la matière de plusieurs films, et je ne pouvais en faire qu’un. Et puis, il m’a fallu adapter. Belzébuth se transforme parfois en un chat gigantesque, or il n’était pas question pour moi d’introduire un chat en peluche.
La littérature est à cet égard, comme à bien d’autres plus libre que le cinéma pour fournir des tremplins à l’imagination. C’est pourquoi aussi je me suis borné à une seule scène de provocation infernale alors que Boulgakov les multiplie. J’ai choisi à cet effet la soirée où le diable fait tomber sur les spectateurs d’un théâtre une pluie de dollars et de vêtements à la mode pour les relâcher ensuite, nus, dans la rue. Le cinéma est un art concret. Il m’était difficile d’aller plus loin dans l’irrationnel.
… quelques mots sur la fin du film: le Maître est envoyé dans un asile psychiatrique. Dans un certain sens, c’est tout à fait logique parce qu’il proclame qu’il a vu le Diable. Mais nous savons pour l’avoir vu nous-mêmes dans le film que le Diable existe. Et l’on peut continuer à y croire jusqu’à la fin du film.
A la fin, le Maître qu’on a vu libéré de l’asile par le Diable est retrouvé encore dans sa chambre de l’asile. Mais cette fois il est mort. Le Diable, avec tous ses tours infernaux, n’était-il qu’un produit de l’imagination du Maître? Ou est-ce que tout ce qui est arrivé est-il réellement arrivé et la mort du Maître n’est-elle qu’une tromperie? Il n’existe pas de réponse.
Certains peuvent croire à l’existence du Diable, d’autres, s’ils le veulent, peuvent proclamer que le Maître, Boulgakov et moi-même nous l’avons seulement rêvé.
Je ne sais pas ce que le Maître et Boulgakov auraient pu dire à ce propos, car ils sont morts tous deux, mais je suis plus enclin à croire en l’existence du Diable qu’à ne pas y croire. Alexandre Petrovic
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.